Paris à la recherche des touristes perdus?

Publié le par lâcher les scoops

Economie

Alors que l'euro en 2008 et 2009 avait fait diminuer l'attrait touristique de Paris, la tendance semble désormais à la hausse. Mais prudence.
 


pub.jpg                                                                              Flickr - CC

 

La fréquentation hôtelière à Paris a baissé de 3,5% en 2009 à 33,8 millions de nuitées, mais le secteur est optimiste pour 2010 après deux mois de hausse en novembre et en décembre du taux d'occupation hôtelière, selon l'Office du tourisme et des congrès de Paris. Les nuitées retrouvent un niveau voisin de celui de 2006, année de bonne fréquentation, avec 33,9 millions. Selon Catherine Lévy , statisticienne à l'Office du tourisme de Paris « la croissance a été aidée notamment par un léger allongement de la durée du séjour » (2,4 nuits contre 2,3 en 2008).

    L'année 2009 avait très mal commencé avec une baisse des arrivées hôtelières de 11, 4% au premier trimestre , mais la tendance s'est inversée sur le reste de l'année pour ramener ce chiffre à -4%. Les étrangers ont été moins nombreux à séjourner dans la capitale, représentant respectivement 6,5 millions (-2%) et 7,9 millions (-4%) d'arrivées.


    La crise économique et la dépréciation de la monnaie de certains pays avaient entraîné un désintérêt pour Paris devenue l'une des villes les plus chères au monde avec l'euro fort. « Les voyagistes russes ont constaté une baisse de ventes sur la France de 15%  et 41% des britanniques avaient décidé de moins voyager en 2009 » comme le dit l'agence France Guide. De même, la tendance pour la Chine reste bien incertaine du fait d’un yuan qui fluctue en ce début d'année.

 L'office du tourisme souligne cependant le retour des visiteurs en provenance des États-Unis en tête du classement de la fréquentation étrangère comptant pour 1,2 millions d'arrivées (+1%) en 2009, devant les britanniques (1,1 million), les plus nombreux en 2008. Les japonais sont sixièmes du classement avec 510 000 arrivées et les chinois onzième avec 95 000.

 Le revenu par chambre disponible des hôtels parisiens, principal indicateur de rentabilité dans le secteur, était en 2009 de 105,5 euros en moyenne, en baisse de 12,3% par rapport à l'année précédente. Les hôtels de luxe accusent la plus forte baisse de cet indicateur (-9,7%) alors que les établissements deux étoiles ont, en revanche, enregistré une hausse de 0,5%. En Europe, Paris enregistre l'une des plus faibles baisses de cet indicateur (-3,5%), devant Berlin (-9,1%) et Londres (-9,9%).


    Concrètement, dans les rues de la capitale, il n'y a pas de grand changement. A Montmartre, un couple d'américains assis sur un banc ne fait pas état de la fluctuation de l'euro : « Cela nous est complètement égal. Avec ma femme nous venons chaque année une semaine à Paris pour fêter la Saint-Valentin. C'est une somme que l’on met chaque année de côté quelque soit le cours de l'euro. S'il est fort, nous ferons moins de dépenses mais nous partirons quoiqu'il arrive car Paris est la ville de l'amour ». Un cliché qui se vérifie auprès des restaurateurs comme Louis, gérant d'une crêperie: « beaucoup de gens viennent ici pour la photo. On voit de plus en plus de chinois et de russes. Un peu moins d'anglais depuis Pâques mais dès les beaux jours, je suis persuadé que ça va repartir. »,

    Pour 2010, l'Office du Tourisme affiche un optimisme prudent, après les hausses légères en novembre et décembre du taux d'occupation des chaînes hôtelières qui cassent « un cycle baissier » observé depuis juin 2008. De même, selon lui, le tourisme d'affaires « montre de vrais signes de reprise » sans le chiffrer. Une solidité parisienne qui s'explique en partie par l'équilibre entre visiteurs étrangers et français, entre touristes issus des marchés matures et émergents et entre séjours de loisirs et d'affaires.  Selon Aude De Mauvoisin, spécialiste de la fréquentation dans les Hôtels parisiens pour la société Deloitte « la tendance est à la baisse dans les hôtels quatre et trois étoiles pour le mois de janvier » une baisse qui concerne principalement le tourisme d'affaire selon elle: «  Les entreprises organisent moins de séminaires et de conférences à Paris car elles sont dans une logique d'économie avec la crise  » ce qui ne veut pas dire que l'euro est le coupable. A l'inverse, les hôtels moins étoilés sont en hausse, « une tendance qui devrait se confirmer avec l'arrivée des beaux jours ». Toujours selon elle, la baisse s'est surtout faite ressentir quand l'euro était fort « les anglais et les américains étaient beaucoup moins présents à Paris car tout était devenu plus cher pour eux ». Pas de quoi paniquer les touristes chinois et russes toujours plus nombreux. Ce sont principalement les plus riches de ces pays qui viennent en France et à Paris ce qui explique leur présence. Venir à Paris n'est pas contraignant pour ces populations venant de l'élite.


    Autre atout qui devrait faire revenir les russes, 2010 est l'année France-Russie. De nombreux événements sont prévus à cette faveur comme des expositions, des conférences, séminaires et visites en tout genre. Prenons l'exemple de l'exposition qui se déroulera au Louvre , intitulée « Sainte-Russie » et qui sera inaugurée le 3 mars, une collection retraçant l'histoire russe « unique au monde » comme en témoigne Paul Duvernet pour le journal La Russie d'Aujourd'hui.

    Difficile de tenir un discours précis quant à la tendance touristique pour l'année 2010. Russes et chinois, forts d'un pouvoir d'achat en hausse devraient continuer d'affluer dans la capitale sans tenir compte du cour de l'euro. Les américains, si l'euro continue de baisser ne devrait pas être en reste non plus. Une chose est sûre, les professionnels du tourisme n'attendent plus qu'eux.

                                                                       Arnaud BOISTEAU

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