Mailorama.fr ou l'escroc démasqué

Publié le par lâcher les scoops

    Un site internet qui décide de distribuer de l'argent sur la place publique, qui annule tout au dernier moment: la rue s'embrase.



    11h ce matin, place Joffre, dans le septième arrondissement de Paris. Des milliers de personnes s'étaient rassemblées pour recevoir de l'argent gratuitement. Douce utopie! Pas du tout.
     A la sortie du métro 8 , arrêt "Ecole militaire", une foule dense se dirige vers le point de rendez-vous. Le buzz est venu du site de Cashback Mailorama.fr. Il rémunère les internautes qui achètent des produits à ces partenaires commerciaux. Sur la page d'accueil du site était écrit : " Mailorama.fr va distribuer des dizaines de milliers d'euros  en cash, sans aucune contrepartie dans Paris le samedi 14 Novembre", le décompte était lancé. Le bouche à oreille et la campagne publicitaire relayée dans les journaux a visiblement très bien fonctionné.
    Sur les lieux devait se tenir un énorme ballon d'hélium pour distinguer l'évènement. Que nenni. A la place, des milliers de personnes étaient postées autour de barrière en fer sans que personne ne sache exactement d'où viendrait le fameux bus.

    Chacun attendait son billet   

    Après quelques minutes seulement, la foule avait envahi toute la place Joffre ainsi que les abords de l'Ecole militaire. Les premiers mouvements de foule se faisaient ressentir dès qu'un bus approchait la zone de distribution. Mais ce n'était que des bus de touristes dont les chauffeurs tentaient tant bien que mal de se frayer un chemin.
    L'ambiance devenait de plus en plus tendue car plus personne ne semblait croire à l'arrivée d'un quelconque pactole. Tous ces gens , des jeunes principalement, s'étaient déplacés de Paris et de banlieue pour trouver le graal.
    Une heure après, les visages étaient fermés. Une femme aux lunettes de soleil exprimait sa déception : " L'organisation est lamentable, il n'y a même pas d'agents de la sécurité alors qu'il y a des milliers de personnes. Pire, j'ai vu là-bas une voiture dont les vitres ont été cassées, une dame avait le pull déchirée par un passant qui a voulu lui voler son sac. Je crains le pire"
    Des paroles qui ont résonné comme une prédiction quand ,quelques minutes plus tard, les gens ont compris que rien ne se passerait aujourd'hui. A côté de nous, c'est un photographe de France Inter qui nous informait de " l'annulation de l'opération marketing par la préfecture"
    Très vite, l'information est relayée. La majeure partie des gens s'en vont. Mais déjà les premieres échauffourées débutent. Là-bas, c'est une dame qui tente de rattraper une bande de jeunes qui lui a dérobé son sac. Un peu plus loin, au début de l'Avenue de la Motte Picquet, on voit des clémentines, des pastèques partir dans tous les sens.
    A quelques mètres de la station de métro, tout s'est accéléré. Des bandes font face aux CRS et envoient tout type de projectiles. Ils foncent sur les passants, agressent les commerçants et pillent certaines boutiques. La foule fuit pour éviter toute agression car tous ces jeunes semblent inarêtables.




    Bilan de l'opération, dix interpellations, des commerçants dévastés, des milliers de personnes déçues 
et frustrées.
    Difficile de comprendre le coup médiatique de ce site internet. Certes, le buzz est assuré mais son image en sort dégradée même si ce n'est pas Mailorama mais la Préfecture de Paris qui a demandé l'annulation de l'évènement par mesure de sécurité. Belle pagaille qui n'explique en rien les scènes de violence auxquelles on a pu assister sur place. Violence gratuite, aléatoire qui ne laisse pas sans réaction, sans incompréhension.
    Ce n'est pas la première fois que l'on retrouve ces mêmes bandes cagoulées et casquettes baissées. Des groupes que l'on a pu retrouver lors des débordements des manifestations anti-CPE, anti-LRU ou autres manifestations d'envergure. Ces gens viennent-ils uniquement pour exprimer leur mécontentement? Dans ce cas, il serait peut-être temps de les écouter pour éviter l'irruption de bandes violentes impunies et renforcées de jour en jour. Mais les écouter surtout car il y a certainement là-dessous l'expression d'un mal-être dû à un sentiment d'exclusion.

Surfer  sur la misère des gens, leur faire croire qu'ils vont pouvoir gagner de l'argent en levant le bras. Rien de très
sain chez ses organisateurs qui devront certainement rendre des comptes.


Arnaud BOISTEAU
   
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